Les Origines du Burlesque 2/2
LA RENAISSANCE D’UN ART
Alors ?
Impatients de connaître la suite de l’histoire ?
Nous avions laissé nos amies effeuilleuses dans les derniers Carnival Shows des années 70 et sans plus tarder, nous allons les rejoindre au début des années 90...

C’est à peu près au moment où la grande Ann Corio raccrocha les pompons de sa revue "This was Burlesque" en 1991, que Jennie Lee et Dixie Evans, deux autres grandes effeuilleuses, créèrent The Exotic World Museum dans le désert Mohave, déplacé depuis à Las Vegas. C’est dans ce bâtiment bricolé au milieu de nul part qu’elles exposèrent les reliques des reines du burlesque et qu’elles créèrent également le concours de Miss Exotic World et le syndicat des strip-teaseuses.

Dixie Evans dans son musée
Le lieu, au fil des années, sera visité par de plus en plus de curieuses et de passionnées, à qui Dixie Evans ne manquera pas de donner conseils et encouragements.
Parallèlement, plusieurs femmes tentent de faire revivre le glamour du burlesque aux quatres coins des Etats-Unis.
En 1995, c’est dans le monde de la nuit gay et travestie que la célèbre troupe de Michelle Carr, le Velvet Hammer fait renaître de ses cendres le burlesque à Los Angeles, ville du faux et des espoirs. Plus de trente années se sont écoulées, la pop-culture a envahi nos cerveaux, la vie de la nuit n'a jamais été aussi éclectique, les strip-clubs se sont emplis d'hommes affamés, la pornographie s'est immiscée partout et les femmes ont obtenu un droit de parole. Impossible donc, ou presque, de faire revivre tel quel le burlesque. La troupe Michelle Carr inclut alors une dimension politique, érotico-comique et des corps disparates. Deux mots d’ordre, pas de lap-dance ni de silicone, comme une rébellion envers l’esthétique
lissée qui sévit dans les clubs à cette époque.

The Velvet Hammer par Nick Ut
Le néo-burlesque réintroduit également la forme de la revue, avec une scène qui sépare le public des performeuses. Il réinterprète les clichés de la féminité, les moque, les subverti.
Il part en croisade contre la norme corporelle omniprésente et donne en spectacle une infinité de corps. Ses inspirations puisent directement dans la culture populaire, le cinéma et les personnages de fiction. Très vite, les circassiens vont aussi faire leur entrée :
acrobates et contorsionnistes seront de la partie.
Et les hommes aussi, avec le boylesque.
Toutes les règles sont brisées, les limites bousculées, les genres réassignés. Le néo-burlesque devient un espace de liberté où chacun est libre d’expérimenter et de remettre en cause. Si le burlesque dit "classique” a toujours sa place, les représentations contemporaines et décalées n’hésitent pas à marcher sur ses plates bandes.

La troupe du Cabaret New Burlesque par Eric Deniset
Mais c'est seulement dans les années 2000 que le néo-burlesque prend vraiment son envol, de nouveau après un krach boursier et dans un contexte politique tendu. Grâce à internet, à des stars comme Dita Von Teese et à des films comme Tournée d'Amalrich, le néo-burlesque se fait connaître aussi en Europe, des festivals ouvrent leurs portes à Londres, Helsinki, Vienne, Paris, des écoles aussi.
Tout le monde est invité à monter sur scène lors de soirées dédiées et parallèlement les shows professionnels augmentent en qualité et se diversifient.
Les critiques, il y a vingt ans, ne donnaient pas cher de la peau du Burlesque, et pourtant il est toujours là, en constante mue, s’adaptant au lieu et au temps qui l’entourent.
Son histoire reste à écrire.
Et voilà mesdames et messieurs, le burlesque n’a plus de secret pour vous.
Vous êtes prêts à applaudir, à wouhouter et à crier à n’en plus finir, pour notre plus grand plaisir.
Tu veux être incollable sur le sujet? Jette donc un oeil à ces ouvrages :
Strip Tease, Histoire et légendes , Rémy Fuentes, éd. La Musardine, 2006
Be Burlesque , Chris Do Carmo, Franz Von Berlin, Lorenzo La Motta et Soazig Le Bozec, Ed. Chêne, 2011
The Burlesque Handbook , Jo Weldon, Harper Collins, 2011